Lille a-t-il perdu la foi?

Plombé par son élimination à Manchester et un manque d'efficacité offensive, Lille s'est éloigné de la Ligue des Champions. Ça gronde au LOSC où Grégory Tafforeau dénonce l'oubli des vertus collectives du club. Les Nordistes ont quinze jours pour se remettre sur la bonne voie.

Quelque chose s'est peut-être cassé sur la pelouse d'Old Trafford. Force est de constater que, depuis l'élimination face à Manchester United, le LOSC n'avance plus : un nul à Lorient (0-0) et surtout une défaite à domicile face au Mans (0-2) qui a laissé beaucoup de traces. "C'est un coup d'arrêt et il est vrai que cette défaite est très frustrante. La deuxième place s'éloigne peut-être Mais on en regarde que nos résultats car c'est le plus important et on n'attend pas un faux-pas des autres équipes", constate Yohann Cabaye. Mais, en chutant à la 4e place, l'objectif de la Ligue des Champions est même en suspend. Après avoir récolté seulement cinq points en sept journées, les Dogues pourraient se contenter au mieux de la 3e place. Car, avec des temps de passage en retard par rapport à la saison dernière (sept point et trois victoires de plus à pareille époque), Lille ne doit plus traîner.

Tafforeau monte au créneau

Resté muet dans les vestiaires après le naufrage manceau, Claude Puel a ensuite pointé le problème du doigt. "Quand on a des occasions, il faut les mettre au fond. Mais on a besoin de continuer à nous en procurer. Il faut retrouver la sérénité nécessaire devant le but", stigmatise l'entraîneur sur le site du club. Principal accusé, Peter Odemwingie n'a plus marqué en Ligue 1 depuis le 9 septembre. Mais le duo Mirallas-Fauvergue, préféré au Nigérian samedi, ne s'est pas montré davantage en réussite. Un manque d'efficacité récurrent chez tous les autres joueurs utilisés cette saison au poste d'avant-centre : Odemwingie (5 buts en 27 matches), Fauvergue (2/21), Youla (2/11), Mirallas (0/12) ou Audel (1/4). A eux cinq, ils ne représentent que dix buts en championnat.

L'absence des deux milieux de terrain les plus techniques de l'effectif, Mathieu Bodmer et Yohann Cabaye, véritables relayeurs de l'entre-jeu nordiste, est sans doute une explication. Mais le mal est peut-être plus profond. Dans les vestiaires de Manchester, l'ambiance était semble-t-il tendue et il n'est pas impossible que quelques règlements de compte aient eu lieu. Seuls Matthieu Chalmé et Grégory Tafforeau avaient alors laissé deviner leur version de l'échec lillois. "Ce sont des matches médiatisés, de haut niveau et on veut tous briller. C'est bien là le problème. On a joué un trop individuellement. A Lille, si on veut briller individuellement, on doit être au point collectivement" , accusait Tafforeau. Au LOSC, figure de proue du jeu collectif, se met-on à jouer perso ? "J'espère que ce n'est pas le cas" , se contente-t-il de répondre.

"On a grillé tous nos jokers"

Samedi, le capitaine est à nouveau monté au créneau pour remettre ses troupes sur les bons rails. "Perdre comme ça, dans ces conditions, oui je suis en colère ! On s'est battus tous seuls. On manque de réalisme et, mis à part Kader (Keita), on manque aussi de solutions. Je suis frustré, j'ai l'impression qu'on n'a pas joué. On a perdu temps et on perd des points. Collectivement, on a manqué beaucoup de choses et notamment de poids offensif. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes", s'est emporté Taff' qui regrettait une nouvelle fois que Lille ait oublié ses vertus collectives : "Je n'ai pas senti de la révolte mais plutôt de l'incompréhension... C'est fatiguant de répéter les mêmes choses toutes les semaines".

Nicolas Fauvergue pointe lui aussi l'élimination en Ligue des Champions face à Manchester United pour expliquer la mauvaise passe lillois. Mais hors de question d'invoquer la fatigue après avoir dû batailler sur la scène européenne. "C'est faux ! Nous travaillons beaucoup physiquement et nous sommes très bien le week-end", rétorque l'attaquant pour qui l'explication est ailleurs. "Peut-être y a-t-il eu un manque d'investissement et une démobilisation après cette épreuve européenne" , concède-t-il. Lille a désormais quinze jours pour faire table rase et se remettre dans le droit chemin face à VA. "C'est une défaite qui fait mal alors que débute une période de quinze jours sans match. Nous aurions aimé enchaîner pour vite passer à autre chose", regrette Puel. Mais le temps presse. "On a grillé tous nos jokers dans cette course à la C1", avoue lui-même Mirallas.